jeudi 18 juillet 2013

Interview : « Une véritable hécatombe d’auto-entrepreneurs et une recrudescence des défaillances d’entreprise »

Interview : « Une véritable hécatombe d’auto-entrepreneurs et une recrudescence des défaillances d’entreprise »

Trois questions à Michel Duriez, responsable de Point Info Auto-entrepreneur

Que pensez-vous de ce projet de réforme ?
Michel Duriez : Je ne comprends pas vraiment le virage qui veut être pris. Le régime fonctionnait bien et je m’interroge sur la pertinence des nouvelles modalités. La limitation du chiffre d’affaires à 19 000 euros par an pour les activités de services et à 47 500 euros pour les activités de ventes me semble dangereuse car ces seuils peuvent vite être atteints. S’ils dépassent deux années consécutives ces plafonds, les auto-entrepreneurs basculeront automatiquement dans un régime classique. La majorité d’entre eux ne sont ni prêts ni formés à cela. Ils vont aller dans le « mur » et à mon avis, nous allons assister à une véritable hécatombe et à unerecrudescence des défaillances d’entreprise. Ces mesures risquent également de développer le travail au noir : pour échapper à la bascule vers les régimes classiques nettement plus contraignants, les auto-entrepreneurs peuvent être tentés de ne déclarer qu’une partie seulement de leur chiffre d’affaires, ce qui serait un retour en arrière.

Le gouvernement a cependant annoncé que les auto-entrepreneurs bénéficieraient d’un accompagnement renforcé pendant la période de bascule.

Crédits photo : 
Michel Duriez
Il est en effet question d’un contrat de développement de l’entrepreneuriat. Mais qui va en assurer la gestion ? On évoque les chambres consulaires et certains réseaux d’accompagnement mais je m’interroge sur la mise en place concrète, sur le terrain, de ce type d’accompagnement.  Qui par ailleurs va payer ces formations ? L’État, les auto-entrepreneurs ? Rappelons qu'aucune charge ne peut être déduite du chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs. Ainsi, les charger encore ne fera pas avancer la barque plus vite, et tout cela reste bien flou. Il est également question de lisser le montant des cotisations sociales et la fiscalité pendant la période de transition afin de limiter l’impact sur la trésorerie des auto-entrepreneurs. Pour l’heure, rien de précis n’a été annoncé et je rappelle que dans le régime micro classique, les charges atteignent 46 %. On est bien au-dessus des 14 % et 24,6 % actuels appliqués aux auto-entrepreneurs qui font de la vente ou du service.
 
Quels conseils donneriez-vous aux auto-entrepreneurs qui s’inquiètent ?

De se lancer quand même car il y a toujours eu des réformes et il y en aura toujours. De plus, les nouvelles mesures ne devraient pas  être applicables avant 2015. D’ici là, il y a fort à parier que de nouveaux ajustements verront le jour. D’un point de vue plus pratique cependant, je leur conseille de mieux anticiper leur projet et de réaliser des petits prévisionnels, ce que nous faisons avec eux. Cela leur permettra de vérifier si, d’un point de vue social, fiscal et financier, ils sont capables de passer à la vitesse supérieure et de créer une « vraie » entreprise.

Valérie Froger
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source : http://entrepreneur.lesechos.fr/entreprise/creation/dossiers/reforme-auotentrepreneur/interview-une-veritable-hecatombe-d-auto-entrepreneurs-et-une-recrudescence-des-defaillances-d-entreprise-10031022.php