mercredi 26 septembre 2018

Statut national d'étudiant-entrepreneur : un filet de sécurité…

Statut national d'étudiant-entrepreneur : un filet de sécurité…

AMELIE PETITDEMANGE  
 
Le statut d'étudiant-entrepreneur permet conserver avantages statut étudiant consacrant lancement start-up.
Le statut d'étudiant-entrepreneur permet de conserver les avantages du statut étudiant tout en se consacrant au lancement de sa start-up. - Shutterstock

Mis en place par le ministère de l'Enseignement supérieur en 2014, le statut national d'étudiant-entrepreneur permet de combiner études et création d'entreprise. L'an dernier, 3.600 jeunes en ont bénéficié.

Le statut d'étudiant-entrepreneur, pensé sur le modèle du statut de sportif de haut niveau, permet d'allier études et création d'entreprise. L'étudiant dispose d'un double accompagnement : un tuteur académique et un tuteur professionnel.
Parmi les aménagements possibles, il peut par exemple négocier de ne pas assister à un cours d'initiation à la création d'entreprise ou réaliser un stage de fin d'études dans sa propre entreprise. Une possibilité saisie par Déborah Caraco, cofondatrice de LesBonsTech . « Sur ma convention de stage, j'ai signé à la fois la partie tuteur et la partie stagiaire », s'amuse la jeune femme qui s'est ainsi entièrement consacrée à sa plate-forme de recrutement dans les métiers du digital. Selon elle, le statut d'étudiant-entrepreneur est un réel accélérateur. « Pourquoi perdre du temps en stage quand on a déjà un projet abouti ? » abonde Alain Asquin, directeur du pôle Pépite Beelys de Lyon.

Accessible aussi aux diplômés

Sur l'année universitaire 2017-2018, plus de 3.600 étudiants sur plus de 5.000 candidats ont obtenu ce statut en France. « L'objectif n'est pas de sélectionner sur la qualité du projet mais sur la motivation. Nous ne sommes pas dans la rentabilité : si les étudiants ne créent pas d'entreprise, ils rebondiront », affirme Alain Asquin. A Lyon, cette année, une cinquantaine de projets ont vu le jour sur les 120 sélectionnés.
Le statut est également accessible aux jeunes qui viennent de terminer leurs études. 24 % des étudiants-entrepreneurs sont déjà diplômés, en majorité d'une école de commerce ou d'ingénieurs. Ils doivent alors s'inscrire au diplôme d'établissement étudiant-entrepreneur (D2E). Ce diplôme peut aussi être une façon de prolonger le statut d'un an, une astuce utilisée par 16 % des étudiants-entrepreneurs. Le diplôme est payant mais ne dépasse jamais 500 euros.
L'entrepreneur, jusqu'à vingt-huit ans, bénéficie de tous les avantages réservés aux étudiants : sécurité sociale et logement étudiants, bourse du Crous sur critères sociaux. Un filet de sécurité, qui rassure aussi les parents, « souvent réticents à la prise de risque entrepreneuriale », souligne Alain Asquin.

Programme intensif d'accompagnement dans 15 Pepites

Géré régionalement dans des Pépite (Pôles étudiants pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat), le statut ouvre aussi droit à un accompagnement et à un lieu de co-working. Dans l'incubateur Beelys de Pépite Lyon , les porteurs de projet sont aidés pour définir leur business plan, pour lever des fonds ou pour réaliser des prototypes. Ils peuvent également développer leur projet à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, au Canada et en Suisse.
La qualité de l'accompagnement reste cependant inégale selon le pôle régional, qui décide de sa politique d'accompagnement. Alain Asquinmilite ainsi pour une offre minimale au niveau national.
En cette rentrée 2018, quelques améliorations sont esquissées. Un certificat de compétences, le « Pépite Skills », pourra être remis aux étudiants. Une reconnaissance qui les aidera à rebondir en cas d'échec de leur projet. La rentrée scolaire marque aussi la création de la « Pépite Factory », une association qui regroupe les anciens et actuels étudiants-entrepreneurs. Enfin 15 pôles mettent en oeuvre un programme d'accompagnement intensif de cinq mois, le « Pépite Starter ».
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Source : https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/communaute/0302277934832-statut-national-d-etudiant-entrepreneur-un-filet-de-securite-323584.php

vendredi 21 septembre 2018

Créer son entreprise : il n’y a pas d’âge pour commencer

Créer son entreprise : il n’y a pas d’âge pour commencer

>Économie>Entreprises et Start-up|Delphine Denuit et Cyril Peter|03 septembre 2018, 14h48|MAJ : 11 septembre 2018, 16h25|1
Guidés par une enseignante, des collégiens s’initient à la création d’entreprise dans le cadre d’un partenariat avec l’association Entreprendre pour apprendre. EPA

A l’heure où leurs camarades préparent leurs cartables, eux peaufinent leur business plan

«Avant, pour créer une entreprise, il fallait une usine, maintenant, un simple ordinateur suffit. » Et Dominique Restino, président du Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs (Moovjee) de citer son expérience lorsque mineur, il vendait les vieilles cravates de son père pour se faire un peu d’argent... Drone mesurant la pollution de l’air, robot escrimeur, site de vente en ligne de vêtements… Les projets des bébés entrepreneurs, pas encore majeurs, tournent aujourd’hui autour du numérique, de la mode ou encore de l’environnement.
Combien sont-ils ? Difficile, voire impossible de répondre. « Nous ne disposons d’aucune donnée précise concernant les moins de 18 ans, assure Sandrine Plana, responsable des études statistiques de l’Agence France Entrepreneur (AFE). On sait par contre qu’un quart des créateurs d’entreprise français sont âgés de moins de 30 ans, dont 8 % ont moins de 25 ans, ce qui représente près de 45 000 jeunes chaque année. »

Les « success stories » inspirent certains jeunes

Pour l’experte, on assiste même à « un boom de la création d’entreprise chez les jeunes ». Ce mouvement est particulièrement visible depuis les années 2000 et l’essor d’Internet. « Le nombre d’entreprises créées par des moins de 30 ans a été multiplié par trois en douze ans, jusqu’à atteindre 308 créations en 2014  pour 100 en 2002», souligne-t-elle. Un mouvement né avec la création des statuts de l’autoentrepreneur (2009), de l’étudiant entrepreneur (2014) et la possibilité pour les parents d’autoriser la création d’entreprise (2010).


La médiatisation de success stories pousse aussi certains jeunes à prendre leur destin en mains quand le chômage reste élevé. « Il existe un star system de l’entrepreneuriat », estime même Dominique Restino. Si les coques de smartphones et les porte-clés connectés ont remplacé les cravates, ces jeunes aventuriers à la forte personnalité font parfois encore face aux freins administratifs et aux préjugés de leurs aînés, banquiers, clients ou fournisseurs.
Les mentalités ont pourtant commencé à évoluer. La preuve : on apprend à créer et gérer sa boîte dès l’école. L’association Entreprendre pour apprendre accompagne chaque année 30 000 jeunes dans les collèges et lycées.


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Guidés par leurs professeurs, collégiens et lycéens s'initient à la création d'entreprise./EPA

ÇA S’APPREND DÈS L’ÉCOLE

Des pailles en maïs recyclables : c’est le produit conçu et fabriqué par les lauréats du championnat de France 2017-2018 organisé par Entreprendre pour apprendre (EPA). L’association s’invite depuis 1989 dans les collèges et lycées publics et privés. L’an passé, elle a accompagné 33 000 jeunes (87% de mineurs) à travers son programme Mini-entreprise.
Le principe ? Des groupes de 12 à 25 élèves sont guidés, à raison de deux heures par semaine, pendant une année scolaire, par un intervenant d’EPA, un professeur et un parrain, patron d’une PME locale ou salarié d’une multinationale.
La première étape est de trouver un projet. A l’issue, les ados passent des entretiens avec des recruteurs professionnels, partenaires de l’association, afin de déterminer le rôle de chacun pour sa réalisation : PDG, responsable administratif...

Un complément aux compétences académiques

Dans la foulée, l’équipe finalise l’étude de marché et collecte des fonds, souvent auprès des parents. Suivent, éventuellement, les phases de production puis de commercialisation. « C’est aux entrepreneurs de chercher les espaces de vente : dans l’établissement, sur les marchés, dans des galeries marchandes ou des entreprises partenaires », explique Adeline Mongrué, la directrice nationale d’EPA. Et si la mini-société génère des bénéfices ? « Ils reversent 20% à une association de leur choix, précise-t-elle. Le reste finance les sorties scolaires ou une activité ludique. »
Pour elle, cette expérience leur permet de « développer des atouts complémentaires aux compétences académiques, comme la prise de parole en public ». Utile pour convaincre le jury de son championnat régional, en vue de décrocher le titre national, connu à Lille (Nord), en juillet prochain.
C.P.

CE QU’UN MINEUR PEUT FAIRE... OU PAS

Fonder seul une entreprise
VRAI. Un mineur peut créer son entreprise s’il obtient du juge des tutelles son émancipation. Effectuée par son représentant légal (parents, tuteur…), cette procédure est souvent fastidieuse. Mais si elle aboutit, elle lui offre toute latitude pour créer une société, à l’exception d’une entreprise individuelle commerciale (sauf autorisation expresse du juge). « A défaut d’émancipation, le mineur pourra créer sa société selon trois statuts (EIRL, EURL ou SASU) s’il dispose d’une autorisation écrite de son représentant légal mentionnant les actes de gestion qu’il peut accomplir seul », précise Laurence Piganeau, directrice expertise et production à l’Agence France Entrepreneur.
Créer son entreprise sous le régime microentrepreneur.
VRAI. Mais à condition de respecter les règles mentionnées ci-dessus, car un microentrepreneur est avant tout un entrepreneur individuel. « Un mineur émancipé pourra donc exercer une activité libérale ou artisanale sous ce régime, souligne Laurence Piganeau. Il devra obtenir une autorisation du juge des tutelles ou du président du tribunal de grande instance selon les cas si son activité est commerciale. S’il n’est pas émancipé, il devra opter pour le régime de l’EIRL (Ndlr : Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée). C’est tout à fait possible dans le cas d’une microentreprise.
Demander à l’un de ses parents de lui servir de prête-nom.
VRAI. Il est fréquent que le mineur décide de créer une société en nommant un de ses parents à sa tête jusqu’à sa majorité. « Mais attention, le créateur et son parent doivent être conscients des risques encourus par ce dernier. En tant que dirigeant, il est civilement et pénalement responsable. Une telle situation ne peut s’envisager que s’il est prêt à s’impliquer réellement dans la gestion de l’entreprise », explique Laurence Piganeau.
Recruter ou contracter un crédit.
VRAI et FAUX. Un mineur émancipé est libre d’embaucher et de souscrire un emprunt. « S’il n’est pas émancipé, l’autorisation écrite de son représentant légal devra stipuler qu’il peut recruter et il devra faire intervenir son représentant légal pour une demande de crédit », précise la spécialiste. En pratique, il est rare qu’un mineur, quelle que soit sa situation juridique, obtienne un emprunt bancaire pour le financement de son entreprise sans la caution des parents.
D. D. et C. P.

source : http://www.leparisien.fr/economie/business/creer-son-entreprise-il-n-y-a-pas-d-age-pour-commencer-03-09-2018-7874727.php

lundi 17 septembre 2018

MODE : UN SIMPLE T-SHIRT PEUT RAPPORTER GROS

MODE : UN SIMPLE T-SHIRT PEUT RAPPORTER GROS

Mode : un simple t-shirt peut rapporter gros
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Facile à porter et à customiser, toujours à la mode, le tee-shirt est à l’origine de véritables success stories entrepreneuriales.

Les piles de tee-shirts, une imprimante numérique, une brodeuse à six têtes et, soigneusement encadré, un billet de 200 euros. Dans leur atelier, à quelques kilomètres de Caen, les créateurs de Quatre Cent Quinze ont affiché la somme qui leur a permis de lancer leur marque en 2011. Aujourd’hui, Aubert Lefebvre, Paul Coffinières et Oscar De Bruyne peuvent être fiers de leur bébé : une griffe qui habille des stars comme le rappeur Orelsan est distribuée via leur e-shop mais aussi dans une vingtaine de points de vente en France et une trentaine à l’étranger, et qui a réalisé l’année dernière 500.000 euros de chiffre d’affaires. La clé de leur succès ? Une collection de tee-shirts, aujourd’hui déclinée en sweat-shirts, bonnets ou chaussettes, affichant des visuels et des slogans faisant référence au hip-hop et au rap, au football et à la culture française. Des thèmes inspirés de leurs propres centres d’intérêt.
En 2011, les trois amis viennent d’obtenir leur baccalauréat, ils n’ont aucun contact dans le monde du textile et ne sont pas issus de familles d’entrepreneurs. "Nous avons eu envie de créer les tee-shirts que l’on aimerait porter", raconte Aubert Lefebvre. Une envie qui tient lieu de stratégie de création d’entreprise. Leurs premières réalisations sont imprimées sur des tee-shirts achetés chez Decathlon ou Carrefour et vendues à des amis. "Lorsqu’on gagnait 10 euros sur un tee-shirt, on était contents", s’amuse le cofondateur. Petit à petit, la marque se structure. Les trois entrepreneurs dénichent un fournisseur, chez qui acheter des bases de tee-shirt, à la coupe moderne et en coton bio. Ils arpentent les salons professionnels pour convaincre des revendeurs, séduisent Colette avant que la mythique boutique parisienne ferme ses portes, et Citadium, même si c’est d’abord en ligne que la marque trouve ses clients.
L’impression de leurs tee-shirts est d’abord confiée à un atelier, puis ils choisissent de prendre en charge cette étape. En 2017, ils investissent dans leurs propres outils de production, et embauchent deux ouvriers et un graphiste. Aujourd’hui, ils gèrent la création des visuels, la transformation des tee-shirts et l’envoi des commandes sans intermédiaire. Ils sont aussi en mesure de produire pour d’autres, petites marques ou associations d’étudiants par exemple, à la recherche de tee-shirts personnalisés. Comme eux, ils sont nombreux à avoir fait du tee-shirt la base de leur succès. "C’est souvent la première pièce à laquelle pensent les entrepreneurs pour se lancer", constate Geoffrey Bruyère, fondateur du blog BonneGueule, qui décrypte le vestiaire masculin et qui a créé en 2014 sa propre marque de vêtements, dont quelques tee-shirts.

L'émergence de petites marques

D’abord conçu comme un sous-vêtement, popularisé par la marine américaine, cette pièce vendue comme un vêtement à part entière depuis les années 1940 s’est progressivement imposée dans nos armoires. Elle constitue un basique incontournable, dont la coupe et le style évoluent au gré des tendances : sérigraphié, oversized, imprimé d’une photo, et aujourd’hui brodé.
Chaque évolution de la mode donne à de jeunes marques l’occasion d’en proposer leur version, d’autant qu’il est possible de vendre des tee-shirts sans disposer de gros moyens ou de savoir-faire pointus. Le développement des imprimantes textile numériques a ainsi favorisé l’émergence de petites marques. "Il y a eu énormément de créations, de gens qui se lançaient avec seulement 100 euros", se souvient Antoine Delomez. Après avoir fondé une marque de vêtements vendus dans des pochettes de 33-tours, ce jeune entrepreneur achète, en 2012, une imprimante et crée l’Atelier Amelot, spécialisé dans le marquage textile, à Paris. Depuis 2013, il édite, sous la marque Faux, des tee-shirts décalés, utilisant par exemple de vieilles images de personnalités, comme Jacques Chirac, et des références à la pop culture. Mais l’Atelier Amelot a aussi contribué à la naissance de nombreuses autres marques. "Nous intéressions beaucoup de monde parce qu’on pouvait imprimer de petits volumes, en flux tendu, au cœur de Paris", raconte le trentenaire, dont l’entreprise génère aujourd’hui un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros.

Facile de se lancer dans le tee-shirt ?

Si l’équipement est relativement facile à trouver – une imprimante textile d’occasion coûte quelques milliers d’euros –, il en va de même s’agissant des bases de tee-shirts. Le grossiste La Maison du Tee-Shirt propose ainsi de nombreux modèles, dans des coloris variés, à partir de 1,46 euro pièce, pour un carton de 100 tee-shirts basiques. Avec un peu d’imagination, il est donc très facile de monter son entreprise de tee-shirts imprimés. Et pour ceux que seule la création de visuels intéresse, il existe des sites qui peuvent s’occuper de tout le reste. C’est le cas de l’américain Teespring, né en 2012 à San Francisco, et de l’allemand Spreadshirt, fondé en 2002 à Leipzig.
Ce dernier revendique aujourd’hui 80.000 vendeurs actifs et un chiffre d’affaires de 107 millions d’euros. Le fonctionnement est simple : il suffit de charger son visuel sur le site, de définir le prix du design puis de choisir sur quels produits il sera imprimé. Spreadshirt s’occupe de la mise en vente des tee-shirts sur sa plate-forme, de leur fabrication et de l’envoi des commandes. Le créateur du visuel peut ensuite récupérer le prix du design et une commission sur les ventes. En 2017, 16,8 millions d’euros ont ainsi été reversés aux graphistes inscrits sur la plate-forme. Et cela peut être très lucratif : en une semaine, un youtubeur américain a ainsi gagné 136.000 dollars, soit environ 113.000 euros. Certains vendeurs en ont même fait leur source de revenus principale. "Mais cela reste une minorité", concède le site.

Trouver le bon créneau pour se faire remarquer

Pour exister sur le marché du tee-shirt, il faut en effet réussir à se différencier, trouver le bon créneau et se faire connaître auprès de sa clientèle cible. Avant même de lancer leur boutique en ligne, Marie Decossin et Audrey Krysiak, les créatrices de la marque Les Vilaines Filles, l’ont ainsi fait vivre sur Facebook. En 2014, les deux quadragénaires profitent d’un plan de départ volontaire pour quitter La Redoute, chez qui elles avaient travaillé pendant quinze ans. Elles ont déjà commencé à fabriquer et à vendre quelques bijoux, mais bâtissent pendant six mois un business plan centré sur la vente de tee-shirts. "C’est un basique de la garde-robe et, plus que créer des collections de vêtements, nous souhaitions un support pour véhiculer l’esprit de la marque", explique Marie Decossin.
Un esprit girly, un brin impertinent, que les deux créatrices retranscrivent en imaginant des messages, imprimés sur des tee-shirts mais aussi désormais sur des tasses ou des petites trousses. "Je suis une bombasse", "Mojito addict" ou "Le lundi, je suis au bout de ma vie" font partie des slogans les plus vendus. Des messages qui suscitent l’adhésion d’une communauté de 66.000 fans sur Facebook, le réseau via lequel sont générées 40% des commandes. Leurs tee-shirts en coton bio sont imprimés en France par un réseau de partenaires et vendus 24,90 euros. Un prix qu’elles ont voulu abordable, mais qui peut sembler difficile à tenir alors que l’on trouve en magasin des tee-shirts à seulement quelques euros. "Le marché est miné parce que le consommateur voit le tee-shirt comme un produit très standardisé, qu’il a été habitué à payer très peu cher. C’est la pièce emblématique de la fast-fashion", regrette Geoffrey Bruyère, de BonneGueule.

Faire le choix de la qualité

Pour assurer la rentabilité et la pérennité d’une marque de tee-shirt, il faut donc faire des choix. Cela passe pour certains par la suppression des intermédiaires ou par la vente d’autres produits avec des marges plus confortables. D’autres misent sur le haut de gamme, quitte à devoir justifier des prix inhabituels pour le consommateur. C’est ce qu’a fait Guerric de Ternay, en 2011, alors qu’il n’avait que 20 ans et qu’il était encore étudiant en droit, quand il a lancé GoudronBlanc. Sa marque propose des tee-shirts classiques mais élégants et de très bonne qualité : une coupe ajustée, un coton bio épais et une fabrication au Portugal. Son pari ? Répondre aux besoins des entrepreneurs qui ont fait du tee-shirt leur nouveau costume. "En 2011, on voyait de plus en plus d’hommes porter le tee-shirt comme uniforme de travail et cela s’est accéléré depuis", explique le jeune entrepreneur.
Vendus entre 49 et 54 euros, les modèles à manches courtes séduisent ainsi les nostalgiques de la qualité des tee-shirts d’autrefois et de nombreux start-uppers. Guerric de Ternay assure compter de prestigieux clients dans la Silicon Valley. Il gère seul la marque, avec des partenaires pour la fabrication et la logistique. Une structure légère pour limiter les coûts fixes et ne pas avoir à faire de concessions sur la qualité. Mais il a conscience que ses tarifs peuvent rebuter certains consommateurs. Pourtant, avec son tee-shirt en coton et lin blanc, marqué du slogan "We should all be feminists", vendu 550 euros et rapidement en rupture de stock, Dior a récemment prouvé que, en dépit d’un marché ultra-concurrentiel, vendre un tee-shirt, même simple, très cher, était encore possible.

Monsieur T-shirt surfe sur le succès du tee-shirt imprimé

SP
Sur le site Monsieurtshirt.com, le modèle imprimé du slogan "C’est qui l’patron ?" fait partie des meilleures ventes. En l’occurrence, chez ce spécialiste de la vente en ligne de tee-shirts humoristiques, le patron, c’est Arnaud Péré, qui n’a pas encore 30 ans. Il était encore étudiant quand il a créé ce site en mai 2013, avec Vincent, son frère, et Simon Cagna, un ami. Ils ont alors 7.000 euros en poche et se donnent six mois pour voir si cela peut fonctionner. Cinq mois plus tard, leur chiffre d’affaires dépasse déjà les 100.000 euros. Très vite, ils se lancent dans la création de leurs propres tee-shirts. Ils achètent des bases vierges en Asie, au Portugal ou en Turquie, puis les transforment dans leur atelier bordelais. En 2017, ils ouvrent leur propre boutique à Bordeaux. La même année, avec ses modèles vendus entre 15 et 25 euros, Monsieur T-shirt a réalisé un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros.

source : https://www.capital.fr/entreprises-marches/mode-un-simple-t-shirt-peut-rapporter-gros-1303103

vendredi 14 septembre 2018

Comment inciter les femmes à créer plus d'entreprises

Comment inciter les femmes à créer plus d'entreprises

Pour Marie-Claire Capobianco, directrice des réseaux France de BNP Paribas, les Françaises ne créent pas assez d'entreprises. Une étude de l'Observatoire de l'entrepreneuriat féminin, réalisé par le cabinet Occurrence pour le numéro 1 de la banque, permet de mieux comprendre ce qui anime les femmes entrepreneures, et comment les inciter à créer plus.  

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marie Claire Capobianco
Marie-Claire Capobianco, directrice des réseaux France et membre du Comité exécutif de BNP Paribas
BNP PARIBAS
En France, moins du tiers des nouvelles entreprise sont créées par des femmes, et depuis des années, ce chiffre ne décolle toujours pas. Comment faire pour donner aux femmes entrepreneures l'élan qui leur manque ? " Selon l'OCDE, la France gagnerait 0,4% de croissance annuelle supplémentaire si autant de femmes que d'hommes créaient leur entreprise ", rappelle Marie-Claire Capobianco, directrice des réseaux France et membre du Comité exécutif de BNP Paribas. Soit 1,9 million d'emplois à créer sur 20 ans ! Dans le cadre d'un accord conclu l'an dernier avec Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes, la dirigeante s'est engagée à ce que 2 milliards d'euros de prêts soient accordés en 2018, par BNP Paribas, à des projets d'entrepreneuriat présentés par des femmes.
La création d'un Observatoire annuel permettant de montrer l'évolution de l'entrepreneuriat féminin dans la durée faisait partie des engagements pris en 2017, de même que la participation à des plans d'actions régionaux (le premier a été signé à Bordeaux) et à la mise en réseau des créatrices d'entreprises (programme #ConnectHers). Ce matin, la dirigeante a présenté les premiers résultats de l'Observatoire BNP Paribas de l'entrepreneuriat féminin, une étude réalisée du 25 avril au 17 mai 2018 sur un échantillon de 810 femmes entrepreneures. Objectif : y voir plus clair sur ce qui freine les femmes et ce qui les motive, afin de mieux comprendre sur quels leviers agir.

Des entrepreneures de 43 ans

Qui sont-elles et quels sont leurs profils ? Ni débutantes, ni dilettantes, ce sont la plupart du temps des professionnelles confirmées, qui créent leur société aux alentours de 35 ans. " L'âge moyen des femmes entrepreneures est de 43 ans, et leur entreprise a en moyenne 9 ans d'existence, révèle Céline Mas, présidente d'ONU Femmes France et directrice générale associée du cabinet d'études Occurrence, qui a réalisé l'étude. Ce sont donc des femmes qui ont réussi à surmonter ce qu'on appelle la vallée de la mort " - ces trois premières années de la vie des start-ups pendant lesquelles elles encourent un risque majeur de disparition. Dans 8 cas sur 10, ces femmes entreprennent pour la première fois de leur vie et leur répartition sur le territoire est assez équilibrée – à l'exception des DOM-TOM, qui ne représentent que 1% des entreprises créées par des femmes en France.
Autres indications sur le profil de ces femmes : très diplômées (2ème ou 3ème cycle) pour 90% d'entre elles, elles choisissent principalement le statut d'auto-entrepreneur (38%), leur deuxième choix – celui de SARL – n'arrivant qu'à 15%. Leur secteur de prédilection reste en grande majorité celui des services, en particulier dans le domaine de la santé (15%) et du commerce (11%), mais elles sont peu nombreuses à se lancer dans les secteurs scientifiques et techniques (3%) ou dans la finance et l'assurance (2%). " Des choix qui corroborent les stéréotypes ", souligne Céline Mas.
Principalement motivées par l'envie de se sentir " plus autonomes " (46%), de donner " plus de sens à leur vie " (28%) ou d'avoir " une vie personnelle et privée plus équilibrée " (22%), les femmes sont en revanche très peu nombreuses à créer leur entreprise " pour gagner plus d'argent " (11%).  " Le rapport à l'argent est l'un des points les plus durs de l'étude ", remarque Céline Mas. L'argent figure en première place des freins qui font hésiter les femmes : 37% ont peur de ne pas dégager assez de revenus pour elles-mêmes, et 30% craignent l'échec de l'entreprise. En revanche, seules 16% des entrepreneures interrogées citent le manque de confiance, pourtant souvent présenté comme un des freins majeurs de l'entrepreneuriat féminin.

82% ont confiance dans l'avenir

Malgré les difficultés rencontrées – la plupart du temps les mêmes que les hommes : concurrence, gestion, trésorerie…- les femmes qui ont entrepris sont plutôt satisfaites de leur choix. A 47%, elles estiment même que la création d'entreprise a " amélioré l'équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle ". Elles se montrent optimistes : à 82%, elles ont confiance dans l'avenir. Et s'il leur fallait donner un seul conseil à une future entrepreneure, ce serait pour 40% d'entre elles de " franchir le pas ".
" Les femmes peuvent et doivent entreprendre ", estime Marie-Claire Capobianco. Mais il leur faut pour cela surmonter quelques blocages. Par exemple, moins hésiter à lever des fonds et à demander plus, déléguer certaines tâches opérationnelles pour prendre de la hauteur, et fréquenter plus de réseaux professionnels, féminins ou mixtes, car ils sont " des facteurs d'accélération majeurs ". C'est seulement à ces conditions que les femmes prendront une nouvelle dimension dans l'entrepreneuriat. " Pour passer enfin de 30% à 40% du nombre de créateurs d'entreprise ", résume Marie-Claire Capobianco. Un objectif recherché par plusieurs gouvernements successifs, sans grand succès jusqu'à présent.  

source : https://www.challenges.fr/femmes/femmes-creation-d-entreprises-bnp-paribas-risques_612548