mardi 28 juin 2011

L'ex-Saupiquet est devenue réflexologue

Voici un an, la conserverie fermait ses portes. Patricia Lemoine était parmi les 90 licenciés. Aujourd'hui, elle a changé de vie, en ayant créé son entreprise dans le domaine du bien-être.

L'histoire

Cet été, Patricia Lemoine n'aura guère le temps de prendre des vacances. Elle vient de créer sa propre entreprise, après de longs mois entre doutes et espoirs. En effet, voici exactement un an, le 30 juin 2010, tout son univers professionnel s'écroulait avec la fermeture définitive de l'usine Saupiquet.

« Parce que j'étais technicienne de gestion de production, j'avais vu venir cette fin bien avant l'annonce du plan social. Mais ça a été très difficile à vivre. Je ne pouvais pas effacer comme ça vingt-tois années de ma vie. Je n'ai connu que cette usine où il y avait une bonne ambiance. Je n'ai jamais cherché à aller voir ailleurs parce que c'était une société où on pouvait évoluer. »
À l'abattement a rapidement succédé, chez cette femme volontaire, l'envie de concrétiser ce à quoi elle rêvait depuis longtemps. « J'ai toujours voulu travailler pour moi. C'était l'occasion de me lancer. Mais c'est compliqué de changer de voie à 45 ans. En 2008, j'avais rencontré une réflexologue plantaire qui avait su me soulager de mon stress. À cette occasion, j'avais ressenti comme une vocation pour cette profession qui m'était jusqu'alors inconnue. »
Dépasser les préjugés
Début septembre, Patricia Lemoine rencontre les animateurs de la cellule de reclassement, mise en place pour tenter de retrouver un emploi aux ex-Saupiquet.« J'avais déjà ce projet de création d'entreprise en tête, mais il m'a fallu dépasser les préjugés que j'entendais autour de moi. On me disait «Tu ne vas pas gagner ta vie en massant des pieds !» ou encore «C'est sale de toucher les pieds des autres»... Mais j'avais besoin de contacts humains et je savais que je pouvais apporter du bien-être. »
Avant de choisir définitivement sa nouvelle voie, Patricia Lemoine tente néanmoins un dernier essai pour retrouver un emploi dans son métier initial. « J'ai souhaité me tester en répondant à une offre. J'ai alors pu mesurer toute la précarité du marché, alors que je n'étais pourtant pas une débutante... »
À l'automne, sa décision est prise : elle s'éloigne de son mari et de ses enfants pour suivre, pendant plusieurs semaines, une formation à l'Institut supérieur de réflexologie à Romorantin, au sud d'Orléans. Elle en enchaînera une autre dans le Finistère.
« Dans cette profession, tout le monde peut s'installer. Mais j'avais envie de faire autre chose que des papouilles. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi des études sérieuses, sanctionnées par un concours et un diplôme. Mais c'est difficile de se remettre à suivre des cours à mon âge, de retrouver un rythme et une méthodologie de travail. »
Un reflet du corps
Si Patricia Lemoine a aménagé un cabinet sous son propre toit, c'est davantage au domicile de ses clients qu'elle a décidé de se déplacer pour l'instant. « Ma première consultation a été un moment fort. Désormais, ma campagne d'affichage et le bouche-à-oreille commencent à porter leurs fruits.
« On me contacte pour soulager du stress, des problèmes de dos. »
Patricia Lemoine a, aujourd'hui, tourné la page Saupiquet. « Je conserve des contacts avec mes anciennes collègues de travail, mais je n'ai aucun regret. Car j'ai trouvé une passion qui me correspond. »

Patrick CERTAIN



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