jeudi 16 juin 2011

Les difficultés de la formation à la création et reprise d'entreprise

Enseigner la création et reprise d'entreprise n'est pas chose aisée 
Il s'agit souvent pour l'intervenant enseignant de construire une démarche facilitant le passage du porteur de projet d'un statut de salarié à celui d'entrepreneur. Ce changement statutaire est d'autant plus important que le candidat repreneur dispose d'une expérience professionnelle issue d'une grande entreprise. Celui-ci aura donc tendance à vouloir faire de sa future entreprise le modèle réduit de ce qu'il a vécu dans cette grande entreprise. Ceci en appliquant des recettes managériales inadaptées dès lors que son entreprise de destination est de petite taille. 


L'enseignant : un « dé-formateur » 

L'enjeu de la formation consiste alors à modifier la représentation mentale que se fait le porteur de projet d'une PME en lui faisant acquérir les pré-requis de l'esprit entrepreneurial ; à savoir : l'autonomie d'action ainsi que la capacité à assumer des risques. Dans le cas contraire l'écueil serait de former des instruits de la reprise, incultes de l'entrepreneuriat. 

Dans cette perspective l'enseignant a un rôle, non pas de formateur, mais d'abord de « déformateur » qu'il devra exercer avec beaucoup de pédagogie tant le contexte est empreint d'incertitudes fortes et d'investissement émotionnel important. 

Pour y parvenir il est important que l'intervenant soit certes crédible, de par sa propre expérience entrepreneuriale par exemple, mais aussi qu'il dispose d'une bonne capacité d'empathie afin de créer une relation de confiance avec le candidat. Toute la difficulté de la relation tient alors à la bonne distanciation à établir entre l'intervenant et le porteur. Si cette distance est trop grande le risque est de ne pas percevoir les vraies demandes tacites et de ne préconiser que des solutions techniques d'usage. A l'opposé si cette distance est trop faible il y a un risque de confusion identitaire qui peut conduire à une désappropriation du projet au profit  de l'intervenant. A l'inverse une bonne distanciation sera le gage d'une démarche co-construite et donc partagée de tous. 


Gérald ENRICO, chargé d'enseignement EMLYON Business School et intervenant à l'Incubateur 



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