mercredi 22 juin 2011

Chatel veut rapprocher écoles et entreprises


A l'occasion du salon Planète PME, le ministre de l'Education nationale a réitéré son vœux de voir école et entreprises coopérer afin d'améliorer l'insertion professionnelle des jeunes. L'Onisep va lancer un nouveau portail en septembre prochain pour faciliter l'accès aux stages pour les élèves.


Issu du monde de l'entreprise, Luc Chatel était comme un poisson dans l'eau, ce jeudi matin, lors de sa visite de la 9ème édition du salon Planète PME au Palais des Congrès de Paris. "Les relations école-entreprise sont en train d'amorcer sous nos yeux une petite révolution", s'est-il réjoui face à un parterre de patrons et de jeunes apprentis. "Auparavant, l'école épourvait un sentiment de défiance vis-à-vis de l'entreprise et se vivait comme un sanctuaire investi de la seule mission d'éduquer et la mission d'insertion professionnelle était réservée aux cursus professionnels. Ce temps est désormais révolu, a-t-il poursuivi. L'école doit désormais préparer les jeunes à une insertion professionnelle réussie afin d'en faire les acteurs économiques de demain."

Et de citer en appui de récents sondages selon lesquels 69% des Français estiment que l'école doit servir en priorité à accéder au monde du travail et 47% des 18-29 ans envisagent de créer leur entreprise. Et pour assurer cette "nouvelle mission" d'insertion professionnelle, la coexistence entre école et entreprise doit laisser la place à la coopération, chacun restant certes dans son rôle, a tenu à préciser Luc Chatel.

1.200 mini-entreprises en 2012
Partant, le ministre en a profité - la période y est propice - pour dresser un bilan de ses actions visant à relever les trois défis que sont la qualification, l'orientation et la "préparation au changement". Estimant que la 5ème puissance mondiale ne peut se permettre de laisser chaque année sortir du système éducatif 150.000 jeunes du système éducatif et que le diplôme reste le meilleur rempart contre le chômage (comme la montré récemmentl'enquête "génération 2007" du Céreq), il a rappelé la réorganisation du lycée technologique en quatre spécialités, la revalorisation du bac professionnel (36% de candidats en plus cette année), la généralisation des "parcours découverte des métiers et des formations" (qui incluent le fameux stage en entreprise en classe de 3ème) ou encore la réforme du lycée. Il a surtout adressé un appel aux mondes économiques et scolaires : "nous voulons de nouvelles actions !", a-t-il lancé.

Plusieurs initiatives existent déjà, menée notamment par l'association "100.000 Entrepreneurs" qui sensibilise collégiens et lycéens à l'entreprenariat, ou encore la fédération nationale d'associations "Entreprendre pour apprendre" qui initie les scolaires à la vie économique notamment via la création de "mini-entreprises". Cette fédération, qui a suscité la création de 580 mini-structures en 2011 (1.400 créées depuis 2004) organise d'ailleurs ces 17 et 18 juin le 4ème championnat national des mini-entreprises. Saluant ce programme, Luc Chatel a souhaité l'accélérer afin d'atteindre les 1.200 créations d'entreprises à l'école à la rentrée 2012.

Démocratiser les stages
Autre mesure, le lancement à la rentrée prochaine d'un nouveau portail par l'Onisep, l'office chargé de l'orientation. Sur le modèle de "monorientationenligne.fr", mis en place en avril 2010, "monstageenligne.fr", conçu avec l'Agefa-PME, le ministère et les délégués académiques, permettra de répondre aux besoins des chefs d'entreprises qui peinent à traiter la masse des demandes, et des élèves qui ne savent à quelle porte frapper, a détaillé le directeur de l'Onisep, Pascal Charvet. Les offres et demandes, réactualisées en permanence, seront géolocalisées et classées par compétences et métiers mais seuls les professeurs seront habilités à mettre élèves et entreprises en relation.

Luc Chatel en a profité pour inciter les chefs d'entreprises à s'engager dans cette voie. Car si les patrons de PME plébiscitent l'apprentissage, ils rechignent parfois à investir leur temps dans un stagiaire, a fortiori en temps de crise. Ce qui n'est pas sans conséquence pour les élèves, notamment ceux du lycée professionnel qui impose d'effectuer pas moins de 22 semaines de stages sur 3 ans (en 2009, on comptait 57.638 apprentis en bac pro soit 18% des effectifs).

Le ministre n'est cependant pas revenu sur sa volonté de développer l'alternance dès la classe de quatrième. Le sujet est trop sensible. En avril dernier, il avait indiqué vouloir étendre à la rentrée le dispositif qui permet actuellement à quelques milliers de jeunes de 4ème d'effectuer quelques semaines par an ou une journée par semaine en alternance. Il avait aussi annoncé la mise en place d'une classe de 3ème "prépa pro". Des projets qui ouvrent une brèche dans le collège unique et ont quelques relents de retour à une orientation précoce. D'ailleurs, dans l'entourage du chef de l'Etat, on ne cache pas réfléchir à des classes de collège "pré-professionnelles" (4ème-3ème) préparant au lycée professionnel tout en aménageant des passerelles entre les différentes voies. Ce sera sans conteste un sujet de campagne, toute réforme du collège étant inenvisageable avant la présidentielle.


Clarisse Jay - 16/06/2011, 17:04