mercredi 21 octobre 2015

Créer son entreprise pour créer son job

Créer son entreprise pour créer son job

 Par Valérie Froger, publié le 
Après avoir enchaîné petits boulots et périodes de chômage, Elyse Abiola, a décidé de monter son projet de micro-crèche "Les Ptits Loulous".
Après avoir enchaîné petits boulots et périodes de chômage, Elyse Abiola, a décidé de monter son projet de micro-crèche "Les Ptits Loulous".
 
Martial Ruaud / Andia

Avec un taux de chômage dépassant les 10 %, rien d'étonnant à ce que les demandeurs d'emploi se tournent vers la création d'entreprise. Suffisant pour réussir?

"C'est souvent plus une solution qu'une motivation. Mais ce public est très accompagné et les chances de réussite sont réelles", souligne Gérard Leseur, président de Réseau Entreprendre. Parti de rien en 2011, Nasreddine Nagga dirige aujourd'hui une belle petite société de serrurerie, à La Rochelle. Sa SARL emploie une personne, réalise 150 000 euros de chiffre d'affaires et compte des dizaines de clients, autant particuliers que professionnels. "Quand je me suis retrouvé au chômage, j'ai cherché du travail. Pendant six mois, j'ai passé des dizaines d'entretiens, en vain. Comme il fallait bien vivre, j'ai décidé de lancer mon entreprise dans le seul secteur que je connaissais : le BTP." 
Nasreddine rencontre l'Adie qui l'oriente vers plusieurs financements (Accre, Nacre, subventions) et l'aide à monter son projet. "De rendez-vous en rendez-vous, le projet est devenu plus concret. Je m'y suis consacré à 300 %,reconnaît Nasreddine Nagga, un brin revanchard. Je me rémunère plus de 4 000 euros par mois. Jamais je n'aurais pu gagner cela en étant salarié. La création d'entreprise m'a non seulement permis de sortir de l'ornière mais aussi de vivre très confortablement." 
Les périodes de chômage peuvent servir de déclic, notamment pour ceux et celles qui ont depuis longtemps une idée dans un coin de leur tête. "Depuis plusieurs années, je réfléchissais à la création d'une technonologie permettant de connecter les objets grâce à des cartes Sim embarquées. Quand je me suis retrouvé au chômage, en 2012, j'ai sauté sur l'occasion", explique Frédéric Salles, qui a eu raison de foncer : sa société, Matooma, est désormais considérée comme l'une de nos plus belles pépites technologiques (25 salariés, 2,5 millions d'euros de chiffre d'affaires,600 clients). 
Denis Jacquet, président de Parrainer la croissance, se veut pourtant prudent. "Les demandeurs d'emploi créent par défaut, souvent par nécessité. Cela débouche la plupart du temps sur des microentreprises, et des autoemplois", constate-t-il. Mais qu'importe, car, après tout, l'essentiel est de retrouver la voie de l'emploi et de rompre avec l'inactivité. C'est ce que s'est dit Karen Jovené. En mars dernier, la jeune femme a créé une entreprise de culture de safran, Safran du Montois. "Je le vends à la fois pur, en flacon, mais aussi transformé dans des confitures, du vinaigre ou du foie gras, dit-elle. Je vise les épiceries fines, les magasins bio et les marchés. Pour l'instant, je ne gagne pas d'argent mais j'ai créé mon propre emploi. Et à mes yeux, c'est très valorisant après un an de chômage." 

"Partie de rien"

Pendant des années, Elyse Abiola a enchaîné les petits boulots et les périodes de chômage. "J'ai tout fait : hôtesse d'accueil dans une bibliothèque, assistante maternelle... Jusqu'à ce jour de 2007 où j'ai entendu parler du décret sur les microcrèches, et la possibilité pour les particuliers d'ouvrir des structures d'accueil pour les enfants de moins de trois ans." Une aubaine pour cette mère de quatre enfants, alors au chômage. Sa banque l'oriente vers le réseau BGE qui, non seulement, l'aide dans ses démarches, mais qui l'aiguille également vers les financements adéquats (crédit coopératif, Accre, garantie bancaire). "J'ai mis trois ans à monter le projet. Il a fallu trouver un local, le mettre aux normes, se former, recruter... J'ai vécu grâce à mes allocations chômage pendant quelques mois, puis sur mes économies. Cela n'a pas toujours été facile", avoue-t-elle. En 2011, elle ouvre sa première structure avec une capacité d'accueil de 10 enfants âgés de 2 à 18 mois. "La demande a été immédiate. J'étais la première à Angers à proposer une microcrèche." En 2014, forte de son succès, Elyse lance une deuxième crèche, dans le même immeuble, mais cette fois-ci pour des enfants plus grands, de 18 mois à 3 ans. "Je ne pensais pas en arriver là, et devenir un jour chef d'entreprise. C'est une grande fierté, car je suis partie de zéro, sans moyens, mais avec l'envie de m'en sortir", confie la dame de coeur qui n'exclut pas l'ouverture d'une nouvelle crèche. 

Des formations à la carte

Pôle Emploi propose un ensemble de programmes, gratuits, pour aider les créateurs demandeurs d'emploi à lancer leur entreprise. Ne vous en privez pas : ils permettent de démarrer sur de bonnes bases et d'évaluer la faisabilité du projet. 
Test. "Evaluation préalable à la création ou à la reprise d'entreprise" se fait sous forme d'entretiens individuels d'une heure et demie répartis sur trois à quatre semaines. Mise en lumière des points forts et des points faibles du projet et des actions à mettre en oeuvre pour le réaliser. 
Ateliers. "Créer son entreprise : pourquoi pas?" (analyser ses motivations, prendre conscience des démarches...) et "Organiser votre projet de création ou de reprise d'entreprise" (identifier les réseaux d'aide, méthodologie pour l'étude de marché, le business plan, recherche de financement...) 
Formation. "Objectif projet création ou reprise d'entreprise" consiste en 10 entretiens individuels d'une heure et demie, répartis sur une durée de trois mois. 
 source : http://lentreprise.lexpress.fr/creation-entreprise/etapes-creation/creer-son-entreprise-pour-creer-son-job_1727294.html