jeudi 22 janvier 2015

La domiciliation à Paris ; ca sert à ca !

Paris ou province: où monter sa start-up?

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Etre au centre des bons réseaux, proche des investisseurs, des structures d'accompagnement, des gros clients... longtemps, pour toutes ces raisons, se lancer à Paname était préférable. Aujourd'hui, les villes de province ont des arguments à revendre. 

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Paris ou province: où monter sa start-up?
Dans de nombreuses régions françaises, l'éco-système start-up s'est fortement dynamisé. Créer sa start-up à Paris n'est plus obligatoire.
iStock
Raphaël Lombard a fait partie de la délégation d'entrepreneurs français à Las Vegas, au dernier Consumer Electronic Show (CES). Un privilège réservé aux créateurs de start-up de Paris, ou des grandes villes françaises, labellisées "Métropole French Tech" ? Pas du tout. Sa start-up, Tapcards, dans l'univers de la photographie souvenir, il l'a mise sur pied à... Clermont-Ferrand. La preuve que l'implantation géographique de son entreprise ne passe pas obligatoirement par les grandes métropoles. "Sellsy à La Rochelle, Easyflyer à Orléans, Pecheur.com à Gannat, dans l'Allier... il y a de plus en plus de success stories en région", estime Guilhem Bertholet, "serial entrepreneur" à Paris, aujourd'hui à la tête d'Invox, dans le content marketing, à Lyon. Les porteurs de projet peuvent plus que jamais se poser la question de rester sur Paris, ou d'investir la province (ou d'y retourner).  

Six mois de salaire assurés

Lynda Mence, créatrice du futur site Les Petits Dormeurs, qui proposera des valises de maternité, a fait, comme Rapahël Lombard, le choix de l'Auvergne. "C'est en regardant un reportage au JT de France 2 que j'ai appris par hasard l'existence du programme NewDeal digital de cette région, destiné à attirer des créateurs de start-up. Avec mon mari, nous avions envie de changer de vie. J'avais en même temps un projet en tête. Nous avons décidé de concourir." Lauréate du New Deal, elle a pu bénéficier pendant six mois de 500 euros mensuels pour leur loyer, d'un salaire mensuel de 1000 euros, d'un bureau en co-working et d'un accompagnement professionnel pour monter son activité. "Un coup de pouce fort appréciable, considère Lynda Mence, qui ne regrette pas un seul instant d'avoir quitté Courbevoie, où elle résidait, à deux pas du quartier francilien de La Défense. "L'environnement à Clermont-Ferrand est super pour ma famille : en peu de temps, nous pouvons nous balader autour d'un lac, skier... Nous sommes nettement gagnants."  

Escapade au Cap Ferret

C'est souvent dans le désir de conserver ou d'accéder à un certain confort de vie, que l'option province est préférée. "Sur Paris, se loger est un vrai problème, rappelle Olivier Dion, président de la start-up OneCub, qui a quitté il y a peu l'incubateur Dojoboost pour intégrer l'accélérateur Tektos, à Calais. Moi-même j'étais obligé d'habiter chez mes parents à Saint-Quentin en Yvelines, je mettais une heure et demi pour venir dans le centre de la capitale. C'est à peu près le temps qu'il me faut aujourd'hui pour faire Calais-Paris !" Attention, toutefois. Si des allers-retours nombreux sont à prévoir vers Paris, il va falloir tenir le rythme. Jérôme Leleu, basé à Bordeaux, est à la tête, d'Interaction Healthcare, agence digitale dans le domaine de la santé, qui, en quelques années, est devenue une PME dynamique employant près de 35 personnes. "Lorsqu'au mois de juin, il fait vingt-sept degrés et qu'en une heure et demi, je me retrouve au Cap Ferret, je ne regrette pas un instant. Mais mes trajets constants entre Paris et Bordeaux, que je réalise parce que nous y avons aussi des bureaux et que nos clients se trouvent en région parisienne, sont parfois fatigants. Lorsqu'un client, au dernier moment, avance à 9 h30 un rendez-vous qui était prévu l'après-midi, il faut que je me lève à 4h30. Bien sûr, il faut éviter ce genre d'impératifs de trop bonne heure. Mais ce n'est pas toujours possible."  

Les investisseurs sont partout

Côté business, la peur de ne pas trouver en région, selon le terme à la mode, un "écosystème" aussi performant que dans la sphère parisienne persiste un peu. A tort. "Aujourd'hui, par exemple, pas besoin d'être à Paris pour être repéré par des investisseurs, assure Guilhem Bertholet. Ils vont chercher les bons projets, où qu'ils soient. Lorsqu'ils viennent rencontrer une belle start-up dans une grande ville, ils en profitent pour voir d'autres jeunes pouces. Et puis, il existe aussi de nombreux fonds régionaux. Ainsi que des événements dédiés à l'investissement, comme le Web2day de Nantes ou le Blendwebmix de Lyon."  

"Tout est moins compliqué"

Il peut aussi y avoir du bon à se trouver dans un environnement à taille plus humaine. C'est en tout cas l'avis de Guillaume Rivron, qui a fondé, dans la capitale des Gaules, Ifeedforu, un site qui aide à maîtriser sa consommation de contenus d'information sur le web. "Pour avoir travaillé dans plusieurs start-up à Paris, je trouve qu'il est plus facile de s'insérer dans l'écosystème lyonnais, d'arriver à rencontrer des tas de gens sans beaucoup d'efforts. Il n'y a pas quinze mille interlocuteurs et structures d'accompagnement. Tout me semble moins compliqué." Même constat pour Lynda Mence, à Clermont-Ferrand. "Je peux contacter des gens et les voir dans la journée si leur emploi du temps le permet. A Paris, tout prend plus de temps", affirme-t-elle.  
Quant aux concours de pitch, soirées, salons, auxquels tout start-uper qui veut se construire un réseau doit participer, ils ne seraient pas tous indispensables. "Sur Paris, il y a une surabondance d'événements pour les start-up, constate Guilhem Bertholet. J'allais partout. Non seulement je n'appréciais rien, mais je perdais une énergie folle que j'aurais pu consacrer davantage à mon business. Aujourd'hui je continue à me rendre à certains événements. Je les sélectionne bien et je reste longtemps, je ne passe pas en coup de vent. Mes relations avec mon réseau sont préservées."  

De très bons développeurs dans l'Hexagone

Autre grand point d'interrogation : le recrutement. Olivier Dion s'inquiétait beaucoup de cette question avant de transférer son activité à Calais. "A Paris, la concurrence avec les bons profils s'accroît. Ici, finalement, nous avons réussi à monter une équipe formidable, en étant soutenus par plusieurs acteurs. L'université nous a aidé à recruter de très bons développeurs, la chambre de commerce aussi a joué un rôle dans nos embauches. C'est tout l'intérêt de se trouver en province : aux yeux des acteurs publics, on est moins anonyme, on est la start-up qu'il faut épauler. Pour Aymeric Castaing,co-fondateur d'I Can Fly, basée à Bordeaux après des débuts à Paris, et qui sévit dans le domaine de l'animation, la réalité est plus nuancée : "il y a beaucoup de profils talentueux en Province, mais ils ont tendance à se rendre sur Paris à la sortie de l'école, du coup il faut s'y prendre bien en amont pour recruter". Evidemment, pour avoir un minimum de profils à étudier, mieux vaut s'installer dans une ville qui compte au moins une petite université, un IUT, une école de commerce.  
Et puis il y a la question des salaires. "Sur notre secteur d'activité, j'ai constaté une différence de 30 % entre Paris et Lyon, confirme Guilhem Bertholet. Il me semble aussi que les collaborateurs restent un peu plus longtemps, ils papillonnent moins." L'immobilier d'entreprise aussi, est moins onéreux. "Nous donnons sur la place des Terreaux. Ce n'est pas à Paris qu'on aurait pu s'offrir des bureaux en plein coeur de la ville"...  

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