Cinq conseils pour creer sa boite a 50 ans
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Aujourd’hui, un créateur d’entreprise sur cinq a 50 ans ou plus quand il se lance. Muriel Gerlach (1), elle, avait 49 ans, quand, après vingt-cinq ans de boîte et un licenciement surprise, elle a monté Bio Creative, une entreprise qui accompagne les industriels dans la mise en place de gammes de produits bio. Un secteur qu’elle connaît bien : c’est à elle que l’on doit les premières salades traiteur bio commercialisées en France, en 1997. Aujourd’hui, elle revient sur les ingrédients qui ont rendu possible son changement de vie.

1/ Retrouver la confiance

« En 2005, j’ai été licenciée de l’entreprise fondée par mes parents… par l’homme à qui ils l’avaient vendue, six ans auparavant. Cela s’est passé très vite : un matin, j’ai allumé mon ordinateur, aucun de mes codes d’accès ne fonctionnaient. J’ai réalisé très vite que j’étais la seule dans cette situation… Quelques minutes plus tard, j’étais mise à pied. J’étais sous le choc. Je ne savais plus qui j’étais, je me sentais coupable, incapable de rebondir, je ne voulais plus entendre parler du bio, ma spécialité. Plusieurs choses m’ont sorti la tête de l’eau. Parmi celles-là, la thérapie, qui m’a réparée. Mais aussi le bilan de compétences, qui m’a permis de prendre conscience de tout ce que j’avais accompli dans ma vie d’avant, c’est à dire développer à la sueur de mon front des recettes bio toujours commercialisées aujourd’hui dans les magasins spécialisés et la grande distribution… Il faut savoir dire quand on n’y arrive pas toute seule, et qu’on a besoin d’aide. »

2/ Sortir de chez soi, forcer les rencontres

« Au bout de ma rue, une de mes copines avait aussi été licenciée. Ensemble, nous sommes allées au salon des entrepreneurs. J’y ai découvert l’association Force Femmes, qui aide les femmes de plus de 45 ans à retrouver un emploi(2). Après avoir obtenu un rendez-vous avec deux de leurs accompagnatrices, j’ai failli ne pas y aller. L’idée de devoir tout réexpliquer, de sentir le jugement de l’autre, c’était un peu dur. Mais j’ai pris sur moi, il fallait avancer. Et j’ai bien fait : j’ai rencontré deux femmes incroyables qui m’ont reboostée, rappelé que j’avais plein d’idées super, et inscrite dans un module de l’association pour la création d’entreprise. Le début de l’aventure Bio Creative. »

3/ Capitaliser sur son expérience… et sur son âge

« Je crois que je dois ma réussite au fait que j’ai lancé une entreprise dans un marché que je connais très bien, et dans lequel je dispose d’un carnet d’adresses bien fourni pour y avoir travaillé depuis une vingtaine d’années. Il faut être réaliste : tout recommencer à zéro quand on a 50 ans ou plus, ce n’est pas évident. Mieux vaut capitaliser sur ses expériences, son réseau et ses compétences. Et aussi sur son âge : à 53 ans, je me connais mieux, je m’affirme plus devant mes clients. J’ai aussi plus de temps puisque mes deux enfants sont grands (26 et 23 ans) et que je n’ai pas encore de petits-enfants… »

4/ (Ré)apprendre à travailler seule

« Quand on monte sa boîte, autant être préparée : il faut rédiger soi-même ses courriers, créer son site internet, préparer ses présentations, aller chercher ses clients… Et contrairement à la vie de salarié, vous êtes la plupart du temps seule pour faire tout ça ! Si nécessaire, quelques formations Excel, Word, et nouvelles technologies en général ne sont pas du luxe, cela permet d’être plus autonome. Pour ma part, c’est Force Femmes qui me les a délivrées. Et je peux vous dire que quand j’ai montré mon premier site internet à mes enfants, ils étaient impressionnés, moi qui ai passé mon baccalauréat sans calculette ! »

5/ Anticiper les risques financiers

« Payer ses clients en temps et en heure, relancer ceux qui vous doivent de l’argent, fixer ses prix, rien de tout cela ne se fait à la légère. Encore une fois, mieux vaut se faire accompagner. Et se préparer à tout : l’année dernière, l’un de mes plus gros clients a déposé le bilan et l’autre a été revendu à un groupe qui n’a pas voulu continuer ce que nous faisons sur le bio. Dans ce cas-là, il faut pouvoir faire face. Heureusement, 2013/2014 devrait être une bien meilleure année ! Mon projet : m’associer avec un entrepreneur, qui dispose de l’outil de production, pour faire vivre ma propre gamme de produits.  »
(1) Lauréate du 3e prix de la créatrice Force Femmes/Coca-Cola
(2) Force Femmes organise mardi 1er octobre Les rencontres de Forces Femmes, à la Maison de la chimie, à Paris. Pour plus de renseignements sur l'association, cliquer ici