vendredi 15 juillet 2011

Créer son Entreprise, rêve ou réalité ?

En ces temps de crise, de chômage et de remise en question, l’envie de créer sa propre activité pousse 250 000 personnes en France à se lancer chaque année dans l’aventure.

Pour réussir, avoir la bonne idée ne suffit pas, il est impératif de se faire accompagner. De nombreuses structures, à commencer par Pôle Emploi, la CCI ou la Chambre des Métiers peuvent mettre en place des aides à la création d’une entreprise, des filières souvent méconnues.
Véritable pépinière, le CIL (Centre d’Initiatives Locales) à Saint-Nazaire regroupe plusieurs organismes d’aides à la création comme BGE Atlantique Vendée (Boutique de Gestion pour Entreprendre). Une association nationale qui concentre des compétences humaines nécessaires à cette formation au métier de chef d’entreprise.
Plusieurs questions essentielles se posent au futur dirigeant : Suis-je la personne de la situation en matière de compétences, de personnalité et ai-je les fonds nécessaires ? Ce projet est-il réaliste ? Sera-t-il rentable ?
La Boutique de Gestion reçoit environ 800 porteurs de projets chaque année, la moitié sera accompagnée par des suivis et des aides personnalisées ou en groupes pour arriver au chiffre d’environ 200 créations d’entreprises chaque année.
76 % des créateurs de 2009 sont encore en activité trois ans plus tard, date considérée comme le cap à franchir pour perdurer. La bonne idée ou la recherche d’un second souffle dans sa vie professionnelle ne suffit pas. BGE a mis en place un « rouleau compresseur » sous forme de stages intensifs (gratuits sous conditions pour les demandeurs d’emplois) afin de concrétiser au mieux cette démarche d’entreprendre, la rendre réaliste ou faire redescendre sur terre les doux rêveurs.
4 modules sont accessibles deux fois l’an, dont : comment réaliser son étude de marché ? Le directeur de la structure la qualifie de juge de paix : « l’étude de marché révèle le vrai potentiel de l’activité souhaitée, c’est elle le véritable indicateur du potentiel d’une future activité ».
Le jeune et puéril futur créateur se voit confronter à des sujets très réalistes : Le diagnostic et la stratégie commerciale de son projet ainsi que le chiffre d’affaires prévisionnel qui fait l’objet d’un second module de formation. Les objectifs sont clairement définis : il faut apprendre à chiffrer son prévisionnel, découvrir les structures juridiques, assimile les régimes fiscaux, mais aussi connaître les différents statuts sociaux. Il faut ensuite définir un plan de communication et se préparer à se vendre, en effet, il ne suffit pas d’avoir trouvé le bon créneau, il faut se faire connaître.

Trouver sa place sur le marché

Exemple avec Michel Konig, basé à Blain qui a créé son activité (AGIR 5D) en mars dernier dans le domaine du nettoyage, de la désinfection, dératisation, désinsectisation, débarras et démoussage.
6 mois après le démarrage (investissements 31 000 euros, avec des aides), l’activité devait lui permettre de dégager 600 euros de revenus par mois, ce n’est pas le cas. Michel touche un complément Assedic qui va s’arrêter en janvier 2012. C’est loin d’être suffisant :« je suis à flux tendu sur l’achat des produits, impossible d’investir, mais, le gros problème est de se faire connaître et de trouver sa place sur le marché ».
Son entreprise, à peine sortie des cartons, connaît déjà la crise : « Après un bon début, mai et juin ont été difficiles ».
Ce n’est pas faute d’avoir envie de travailler dans un secteur pourtant assez rebutant de prime abord ; malgré des prix plus que compétitifs, le constat est simple : « La demande existe, mais les places sont chères » et notre jeune chef d’entreprise se heurte à la concurrence et l’ancienneté d’entreprises implantées depuis des années.
« Je dois mieux et encore communiquer, plus travailler et faire du chiffre, sinon, dans 6 mois, sans les Assedics, je devrais prendre une décision, un an, c’est trop juste pour se développer, trouver des clients et dégager assez de chiffre d’affaires ».
Si BGE permet des mises en situation réalistes et guide les créateurs sur des aides possibles comme avec l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique), les porteurs de projets se plaignent de difficultés inhérentes à la situation économique actuelle.
Lundi dernier, une réunion conviviale réunissait d’ex ou futurs stagiaires pour faire un tour d’horizon de leurs activités. BGE a mis en place un réseau (lOXYGENE) permettant des échanges entre créateurs qui se retrouvent souvent « seuls au monde » perdus entre l’administratif, la comptabilité, la gestion des stocks, la recherche de marchés et l’activité en elle-même.
La motivation et l’enthousiasme du départ s’émoussent ; puisque le chef d’entreprise, seul à bord se voit confronter à une dure réalité, faire fonctionner son entreprise et y travailler, tout cela, souvent, aux dépens de sa vie familiale et affective.

La bonne Idée qui fait rire les banques

Il existe pourtant des niches, comme l’idée développée par le Nazairien Patrick, ancien disquaire, qui après 6 mois de réflexions, de démarches administratives pour trouver du financement se lance aujourd’hui dans la vente sur Internet dans le segment du bon vieux disque vinyle d’occasion, un secteur d’activité qu’il connaît bien.
« Le projet abouti enfin, il a fallu pas mal convaincre, dossier à l’appui, les banques sont frileuses, en particulier sur ce genre de marché qu’elles maîtrisent pas vraiment ». Le créateur s’est tourné par le FONDES Pays de la Loire (Financeur Solidaire pour l’Emploi), autre structure d’aides qui s’est portée caution pour l’emprunt nécessaire à l’investissement dans un site internet professionnel « Mistervinyle.com » en cours actuellement de construction.
Autre exemple, celui d’Emmanuelle Houssin, qui tenait absolument à ouvrir une boutique de lingerie dans Guérande Intra Muros (A Fleur de Soi). Après avoir essuyé 4 refus des sièges des banques régionales, c’est une agence locale qui lui fait confiance. Ancienne salariée saisonnière dans le sous-vêtement, elle solde ses prestations Assedic et ouvre au printemps dernier, sans trop d’appréhension. Pourtant, l’investissement est conséquent (49 000 euros), les charges du magasin importantes ; entre les commandes à gérer, la clientèle à satisfaire et les ouvertures à rallonge, les nuits sont courtes pour la volontaire jeune femme.
« Le plus dur a été de trouver une banque qui est confiance, les organismes bancaires ont des statistiques sur tout, comme sur les boutiques de vêtements, les chiffres ne sont pas bons en ce moment. Ce qui a fait pencher la balance, c’est qu’il n’y avait de boutique de lingerie dans Guérande et que la banque locale connaît bien le tissu commercial guérandais, contrairement aux financiers dans leurs tours ».
L’autre difficulté pour les commerçants en magasin reste de trouver un lieu stratégique à juste prix « Il n’est pas évident de trouver un lieu, il faut avoir de la chance pour trouver le meilleur endroit au bon moment ».
Certains abandonnent, désabusés, des dettes à rembourser, mais d’autres arrivent sur le marché remplis d’espoirs d’être un jour leur propre patron et de se sentir maître de leur outil de travail, un rêve qui peut devenir réalité.

JRC