Mis en place par le ministère de l'Enseignement supérieur en 2014, le statut national d'étudiant-entrepreneur permet de combiner études et création d'entreprise. L'an dernier, 3.600 jeunes en ont bénéficié.

Le statut d'étudiant-entrepreneur, pensé sur le modèle du statut de sportif de haut niveau, permet d'allier études et création d'entreprise. L'étudiant dispose d'un double accompagnement : un tuteur académique et un tuteur professionnel.
Parmi les aménagements possibles, il peut par exemple négocier de ne pas assister à un cours d'initiation à la création d'entreprise ou réaliser un stage de fin d'études dans sa propre entreprise. Une possibilité saisie par Déborah Caraco, cofondatrice de LesBonsTech . « Sur ma convention de stage, j'ai signé à la fois la partie tuteur et la partie stagiaire », s'amuse la jeune femme qui s'est ainsi entièrement consacrée à sa plate-forme de recrutement dans les métiers du digital. Selon elle, le statut d'étudiant-entrepreneur est un réel accélérateur. « Pourquoi perdre du temps en stage quand on a déjà un projet abouti ? » abonde Alain Asquin, directeur du pôle Pépite Beelys de Lyon.

Accessible aussi aux diplômés

Sur l'année universitaire 2017-2018, plus de 3.600 étudiants sur plus de 5.000 candidats ont obtenu ce statut en France. « L'objectif n'est pas de sélectionner sur la qualité du projet mais sur la motivation. Nous ne sommes pas dans la rentabilité : si les étudiants ne créent pas d'entreprise, ils rebondiront », affirme Alain Asquin. A Lyon, cette année, une cinquantaine de projets ont vu le jour sur les 120 sélectionnés.
Le statut est également accessible aux jeunes qui viennent de terminer leurs études. 24 % des étudiants-entrepreneurs sont déjà diplômés, en majorité d'une école de commerce ou d'ingénieurs. Ils doivent alors s'inscrire au diplôme d'établissement étudiant-entrepreneur (D2E). Ce diplôme peut aussi être une façon de prolonger le statut d'un an, une astuce utilisée par 16 % des étudiants-entrepreneurs. Le diplôme est payant mais ne dépasse jamais 500 euros.
L'entrepreneur, jusqu'à vingt-huit ans, bénéficie de tous les avantages réservés aux étudiants : sécurité sociale et logement étudiants, bourse du Crous sur critères sociaux. Un filet de sécurité, qui rassure aussi les parents, « souvent réticents à la prise de risque entrepreneuriale », souligne Alain Asquin.

Programme intensif d'accompagnement dans 15 Pepites

Géré régionalement dans des Pépite (Pôles étudiants pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat), le statut ouvre aussi droit à un accompagnement et à un lieu de co-working. Dans l'incubateur Beelys de Pépite Lyon , les porteurs de projet sont aidés pour définir leur business plan, pour lever des fonds ou pour réaliser des prototypes. Ils peuvent également développer leur projet à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, au Canada et en Suisse.
La qualité de l'accompagnement reste cependant inégale selon le pôle régional, qui décide de sa politique d'accompagnement. Alain Asquinmilite ainsi pour une offre minimale au niveau national.
En cette rentrée 2018, quelques améliorations sont esquissées. Un certificat de compétences, le « Pépite Skills », pourra être remis aux étudiants. Une reconnaissance qui les aidera à rebondir en cas d'échec de leur projet. La rentrée scolaire marque aussi la création de la « Pépite Factory », une association qui regroupe les anciens et actuels étudiants-entrepreneurs. Enfin 15 pôles mettent en oeuvre un programme d'accompagnement intensif de cinq mois, le « Pépite Starter ».
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