mercredi 16 mai 2018

Ecoles de commerce : déjà patrons, les étudiants à fond dans la création d'entreprise

Ecoles de commerce : déjà patrons, les étudiants à fond dans la création d'entreprise

Ils terminent leurs études ou sont tout juste diplômés et ont un point commun : ils n’ont pas résisté à l’envie de monter leur boîte.

Ils terminent leurs études ou sont tout juste diplômés et ont un point commun : ils n’ont pas résisté à l’envie de monter leur boîte.

Lhistoire commence en janvier 2016, par un projet d’étude. Johnny Smith et deux de ses camarades sont alors à Audencia BS. Ils réfléchissent déjà à la création d’entreprise, puisqu’ils ont choisi la majeure Entrepreneuriat. Comment géolocaliser un vélo ? Voilà leur problème. L’un des trois suit un double-diplôme et connaît l’électronique embarquée. « Nous avons présenté le projet [au concours national i-Lab] et sommes arrivés en finale, avec 10 000 € à la clé », raconte Johnny. Ensuite, ils intègrent l’incubateur d’Audencia, « une période géniale, qui nous a permis de pousser le projet » aussi loin que possible pour lancer Velco. Le principe de ce guidon connecté : un GPS augmenté, indiquant au cycliste sa route par des blocs lumineux, un système d’éclairage aussi… Le tout connecté à une application. Partout où il est présenté, le concept est adoubé : premier prix du concours Lépine européen et prix Smart Cities du Consumer Electronics Show (CES) 2018 à Las Vegas. Velco emploie aujourd’hui 12 personnes et lance sa deuxième levée de fonds.

3,8% des étudiants d'écoles de commerce décident de créer leur entreprise (source : CGE 2017)


Booster de pépites


Les écoles sont à l’affût des nombreux projets qui germent en leur sein. Beaucoup ont une couveuse maison pour booster leurs pépites. « On a intégré le Cube, l’incubateur de notre école, l’Esdes, qui nous a permis d’accéder à des ressources incroyables : experts, réseau… Cela donne immédiatement envie de monter la marche suivante », juge Gabriel Gutmann, co-fondateur de Que la ferme, qui commercialise un yaourt à tartiner issu de la tradition islandaise (où Gabriel a effectué son stage).
Parfois, c’est l’école qui inspire. C’est le cas pour Erwan, en master 2 à l’école de commerce PSB. Il veut répondre à une question centrale de la vie étudiante : À quelle soirée vont les gens ? Et il crée Campus – le nom de son appli – pour apporter des solutions. Il veut créer des liens entre les écoles. « Nous sommes en phase de lancement : nous avons commencé par une autre école que la nôtre, EDC Paris, car les étudiants sont un peu moins nombreux », explique Erwan. Car, comme il l’a appris, atteindre une taille critique est essentiel pour qu’une appli décolle. Prochaine étape, l’Essca, mais c’est promis : « Une fois cette phase d’amélioration terminée, nous la lancerons à PSB ! »

Désir et coup de foudre


Chez certains, l’idée a germé plus tard, plus loin de leur cocon. Pour Thibaut Lugagne, diplômé de Neoma BS en 2013, l’idée est partie de Madagascar. Après une expérience avortée dans une start-up, il décide de faire un VIE (volontariat international en entreprise) pour le groupe Casino. « Là, je me suis vraiment épanoui. Mon job était de monter des magasins de proximité à Madagascar, où il n’y en avait pas vraiment. » À partir de zéro, il monte 25 magasins en 18 mois et se retrouve à manager 200 personnes. La réussite, donc… Mais le désir d’entreprendre est plus fort ! Sur l’île, il rencontre un producteur de miel et c’est le déclic : « Cet homme vendait son miel en vrac alors qu’il était juste extraordinaire ! » Thibaut a « le coup de foudre » et décide de trouver un modèle pour ce miel qui prévoit aussi un réinvestissement local de l’argent. La Compagnie du miel est créée, incubée à Neoma. Apparemment, il n’est pas le seul à avoir craqué pour ses miels : ses premiers clients sont des épiceries fines et des chefs étoilés.


« Travailler en équipe, nourrir un écosystème : voilà notre credo »


3 questions à...Julien de Freyman Responsable du département Innovation, entrepreneuriat et stratégie ESC Troyes

Apprendre l’entrepreneuriat, ça veut dire quoi ? 

C’est d’abord en avoir une vision large. On réduit l’entrepreneuriat à la création d’entreprise, mais c’est un état d’esprit ! 
N’oublions pas, par exemple, l’intrapreneuriat, qui est un immense créateur de valeur dans les entreprises. Notre mission est d’insuffler cet état d’esprit. C’est un travail qui se mesure difficilement, car nos étudiants mettront peut-être des années avant de monter leur entreprise. Certains ont ça dans le sang, d’autres attendent le bon moment, qui ne vient pas toujours tout de suite.

Comment les aidez-vous à concrétiser leurs projets ?
Depuis 10 ans, nous mettons l’accent sur la pluridisciplinarité. Rassembler des profils et compétences divers est un facteur clé. Nous sommes par exemple associés à des écoles d’ingénieurs, de tourisme ou de design. Travailler en équipe, nourrir un écosystème : voilà notre credo. Selon une étude effectuée auprès de 120 000 étudiants, 22 % d’entre eux sont engagés dans un projet d’entreprise, dont 82 % à plusieurs. C’est un réflexe naturel de se regrouper !

Quels outils avez-vous mis en place ?
Nous travaillons dans une ville, Troyes, dans l’Aube, qui regorge de possibilités dans beaucoup de secteurs. Créer des points de rencontre est notre sujet numéro un : ESC Troyes veut être ce tiers-lieu ouvert à tous les talents. Nous sommes ensuite directement connectés à un incubateur, le YEC (Young Entrepreneurs Center). D’une manière générale, il s’agit de sensibiliser les étudiants par la pratique, adopter une pédagogie par l’action. Entreprendre, c’est réfléchir ensemble, galérer ensemble. Et rebondir ensemble.
source : http://etudiant.aujourdhui.fr/etudiant/info/ecoles-de-commerce-deja-patrons-les-etudiants-a-fond-dans-la-creation-d-entreprise.html