lundi 9 novembre 2015

A moins de 25 ans, ils sont déjà chefs d'entreprise

A moins de 25 ans, ils sont déjà chefs d'entreprise

Dossier Réalisé Par Céline Chaudeau |  | MAJ : 
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Paul Morlet, 25 ans, a créé Lulu Frenchie en 2010, et Lunettes pour tous plus récemment. 
Paul Morlet, 25 ans, a créé Lulu Frenchie en 2010, et Lunettes pour tous plus récemment.  (LP/Jean-Baptiste Quentin.)

« Le Parisien Economie » vous présente ces jeunes entrepreneurs qui, grâce à leur culot et surtout leur travail, ont réussi à l'âge où leurs amis décrochent leurs premiers stages.



Sur l'estrade, il déroule un vrai rêve de gosse. Michaël Boumendil n'a pas été choisi par hasard comme parrain de la Journée « Créer sa boîte avant 30 ans », au dernier Salon des micro-entreprises. A 23 ans, il a fondé la société Sixième Son. « J'ai inventé un métier qui s'appelle aujourd'hui le design musical, se souvient-il. Au début, on m'a beaucoup ri au nez, y compris des gens qui aujourd'hui veulent travailler avec moi ! » Vingt ans plus tard, il est le leader mondial dans le domaine de l'identité sonore. Do, sol, la, mi : c'est lui. Entendez par là les quatre notes du jingle de la SNCF qui ont même inspiré cet été une chanson à David Gilmour, le guitariste et chanteur de Pink Floyd. « En France, chaque jour environ 50 millions de personnes entendent une de mes créations, résume-t-il. Mon conseil aux jeunes est de se lancer, car ils n'ont rien à perdre. Surtout qu'aujourd'hui, le statut de salarié n'est pas beaucoup moins précaire que celui d'entrepreneur... »

Ce dernier est surtout synonyme de liberté. « Je voulais avant tout être indépendant », commente Paul Morlet. En 2010, avec un simple BEP en poche, il débute comme apprenti électricien dans un grand groupe. « Je pouvais être embauché derrière. Je connaissais mon salaire potentiel pour les quinze ans à venir. Mais en même temps, ce n'était pas la vie dont je rêvais. » Il préfère renoncer pour créer sa boîte, Lulu Frenchie, à 20 ans. « A cette époque, j'ai eu l'idée de créer des lunettes personnalisables en voyant des stars jouer au poker avec des lunettes noires. Des lunettes qui permettent de voir mais qui peuvent aussi servir de support publicitaire par exemple. » Loin des grandes écoles de commerce et autres incubateurs parisiens, ce jeune Lyonnais se débrouille pour percer et investit 3 000 € d'économies dans des prototypes. « Pour créer ma société, j'ai recopié les statuts d'une autre boîte sur Internet et changé leur nom par le mien, un peu à l'arrache », se souvient-il. Mais surtout il se découvre en pro du marketing. « J'ai contacté des stars grâce aux réseaux sociaux et fini par envoyer à quelques-unes mes créations. En trois mois, quand Lady Gaga a porté une de mes créations, le projet a décollé. »

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Selon une récente note de l'Agence pour la création d'entreprises (APCE), 25 % des créateurs d'entreprise en France sont âgés de moins de 30 ans. « Le premier avantage de la jeunesse, c'est de ne pas avoir d'attaches financières et personnelles et de se poser déjà beaucoup moins de questions », observe Vincent Redrado, cofondateur à 23 ans, avec un autre étudiant en école de commerce, de la plateforme d'e-commerce The Tops. « Le deuxième avantage est d'avoir du culot et cette naïveté de penser que tout est possible. Et le troisième, d'apporter, aussi, un regard nouveau sur tous les secteurs. » C'est ce qui a séduit Olivier Mathiot que le futur entrepreneur a côtoyé en stage chez PriceMinister. « J'ai refusé un job et préféré lui demander des conseils. Grâce à lui, on a créé un comité stratégique de six personnes, toutes expertes dans leur domaine, qui nous ont accompagnés et qui sont vite devenues actionnaires. Dans le même temps, nous avions aussi trouvé chez Moovjee un mentor, avec un regard extérieur, qui nous a, au moins deux fois, évité de graves erreurs. Sans cet accompagnement, nous n'en serions sans doute pas là aujourd'hui. »

« L'avantage de la création d'entreprise jeune est que l'on conduit sa propre voiture », résume Michaël Boumendil. Reste, évidemment, à ne pas aller dans le mur. « S'il y a juste un truc à craindre, c'est l'entêtement, poursuit l'entrepreneur. Il faut se fixer des objectifs qui peuvent être financiers ou des objectifs de vie. C'est bien d'écrire par exemple sur un papier où l'on voudrait arriver trois ans plus tard. Savoir combien on espère gagner, combien de projets on aimerait avoir réalisés, avec combien de collaborateurs, et voir ensuite à plus ou moins 20 % si ça passe. Car si ce n'est pas le cas, c'est soit que l'idée n'est pas bonne, soit qu'on ne sait pas la mener. » Malgré tout, il ne stigmatise pas l'échec, bien au contraire. « Même une création d'entreprise qui ne marche pas, c'est une expérience qui se revend très bien. »

EN SAVOIR PLUS

A LIRE

« Jeunes, créez votre entreprise ! », de Vincent Redrado, Bénédicte Sanson et Dominique Restino, éditions Dunod, septembre 2015, 280 pages. 15,90 €.

A CONSULTER
L’Agence pour la création d’entreprises : www.apce.com
Le site du Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs : www.moovjee.fr
source : http://www.leparisien.fr/economie/business/a-moins-de-25-ans-ils-sont-deja-chefs-d-entreprise-02-11-2015-5240049.php
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