jeudi 27 juin 2013

Un business qui roule pour l'Entrepreneur de l'année !


Chauffeur privé : un business qui roule pour l'Entrepreneur de l'année !

Yann Hascoet, Omar Benmoussa, Othmane Bouhlal

Yan Hascoet, le créateur de Chauffeur Privé, vient de se voir décerner le prix BFM Academy. Une belle récompense pour ce jeune chef d’entreprise et ses deux associés. Décryptage des points forts de ce business émergent sur un segment qui fait grincer des dents les chauffeurs de taxi.

Créer sa boîte sur un créneau a priori fermé, renouveler les codes du secteur et conquérir une nouvelle clientèle : un rêve pour un créateur ? C’est en tout cas le défi relevé par Yan Hascoet, un jeune chef d’entreprise qui, avec Chauffeur Privé, vient de remporter le prix BFM Academy de « l’Entrepreneur de l’année 2013".Ingénieur de formation, il est passé par le domaine  du conseil en stratégie (McKinsey) avant de sentir naître en lui l’envie de créer son entreprise. Après avoir co-fondé en 2010 Oh My Deal (plateforme web gratuite qui répertorie les offres dʼachat groupé et de ventes flash), qu’il a depuis revendu à ses associés de l'époque, il se lance dans un nouveau défi. Chauffeur privé, en 2011, avec un lancement du service en avril 2012.
Le concept ? Proposer une solution de transport de personnes suite à la dérégulation du marché des taxis et des véhicules de tourisme.La start-up prend la forme d'une centrale de réservation de véhicules avec chauffeurs en Ile-de-France.


"Sur la chaîne du transport business, il manquait une offre élaborée"
Une idée qui a germé en lui progressivement : « Je n’ai pas eu un moment « Eureka ! » pour lancer cette idée. C’est plutôt un cheminent en plusieurs étapes, confie Yan Hascoet. Tout d’abord, j’étais vraiment surpris que le marché du taxi soit si peu sophistiqué, comparativement à l’hôtellerie, à l’aviation. Sur la chaine du transport business, il manquait une offre plus élaborée pour les déplacements urbains. De plus, quand j’étais à l’étranger, j’utilisais assez souvent des services de taxis alternatifs, mais tout se passait via un numéro de téléphone pour trouver un chauffeur. Assez archaïque, là encore ! A mon retour à Paris, j’ai été frappé par le vrai manque d’offre : Paris compte 3 taxis pour 1000 habitants, très peu par rapport aux autres grandes villes dans le monde. » Trois constats qui auraient pu rester sans suite si la législation n’avait pas donné un coup de pouce au créateur.



Quand la législation débouche sur une opportunité de business

Le marché s’est ouvert  à la faveur d'un changement de réglementation en 2010, avec la loi sur la modernisation des services touristiques, créant le statut de «véhicule de tourisme avec chauffeur» (VTC).
Contrairement aux taxis, les VTC n'ont pas le droit d'embarquer un client qui les hèle, mais doivent obligatoirement être réservés à l'avance et présenter un véhicule de bonnes dimensions, équivalentes au moins à une grosse berline. Ici, pas besoin d'une licence ou de compteur, comme les taxis...
A noter : une nouvelle grève des taxis est prévue le 27 juin prochain, suite à la manifestation du 10 janvier 2013.  Parmi leurs revendications,  une hausse de la TVA et l’instauration d’une obligation d’un délai de 2 h entre la réservation d’un véhicule et la course.


Afin de bien comprendre le fonctionnement de ce marché, Yan Hascoet contacte un spécialiste Richard Darbéra, chercheur au CNRS et auteur d’une étude sur le sujet. « J’ai aussi rencontré des chauffeurs, car avec les usagers, c’est notre seconde clientèle, explique le créateur. »


Un business model basé sur le prélèvement d'une commission
Avec deux associés, Omar Benmoussa et Othmane Bouhlal, il bâtit son offre en 2012. Chauffeur Privé se lance donc sur le marché du transport VTC («véhicule de tourisme avec chauffeur»), avec une offre Premium, une offre dédiée aux entreprises et, dans quelques semaines, une offre « entrée de gamme » afin d’être également présent sur un marché plus large et plus compétitif. Ce service s’appuie sur une application mobile propriétaire permettant en quelques clics de commander une voiture avec chauffeur.
Pas de chauffeurs salariés : ces derniers interviennent pour le compte de l’entreprise. Pour se rémunérer, l’entreprise prélève une commission de 20 % sur le tarif des courses. Côté financement, les créateurs cassent leurs tirelires et lèvent des fonds, sans vouloir communiquer sur le montant exact investi.

Découvrir Yan Hascoet en vidéo :




De 3 à 5 millions d'euros de chiffre d'affaires
Aujourd’hui, les résultats sont là, avec un volume de chiffre d’affaires prévisionnel qui devrait être compris entre 3 et 5 millions d’euros cette année, et une activité en croissance de 20 à 30 % par mois. Ce service compte 40 000 inscrits et détient désormais la plus grosse flotte de chauffeurs indépendants avec près de 200 chauffeurs.
Des chiffres qui montrent le dynamisme de ce secteur en pleine construction. Un secteur qui attise les convoitises : sur ce créneau ce sont en effet lancés d’autres acteurs. Le Cab, SnappCar et Uber figurent ainsi parmi les autres nouveaux entrants du secteur. Les raisons de ce succès ? Sans nul doute parce qu’après des années de monopoles des taxis, l’attente des consommateurs était forte pour une offre futée sachant contourner le « numérus clausus » de la profession.
Découvrir l'interview de  Benjamin Cardoso, PDG de Le Cab (en podcast).



De leurs côtés, certaines grandes compagnies de taxi tentent de riposter. Ainsi, la compagnie G7, leader en Ile-de-France avec ses 6.500 taxis, a lancé il y a quelques mois le WeCab, le taxi collectif, à prix cassés, pour les aéroports parisiens.
« Certes, nous ne sommes pas seuls, mais nous étions avec Uber les premiers à investir le marché, analyse Yan Hascoet.  Cela nous a permis de prendre de l’avance et surtout de nous différencier avec une offre spécifique pour la clientèle d’entreprise. Et surtout, nous sommes sur un métier de service. C’est sur ce terrain que nous ferons la différence. »


Une levée de fonds pour se déployer en France et en Europe
"Le VTC est très développé dans les capitales mondiales comme à Londres ou à New York, où il y a environ 50 000 voitures de ce type, pour environ 15 000 taxis,  explique Yan Hascoet. A Paris, il y a 17 000 taxis pour seulement 2 000 VTC, soit une proportion dix fois moindre. " La marge de progression est donc bien là.
Pour assurer son développement, Chauffeur Privé prépare actuellement une levée de fonds. Prochains objectifs ? Le lancement du service dans d’autres grandes villes en France, mais aussi en Europe… et pourquoi pas même au-delà.


Valérie Talmon

         

source : http://entrepreneur.lesechos.fr/entreprise/creation/actualites/chauffeur-prive-un-business-qui-roule-pour-l-entrepreneur-de-l-annee-10030494.php