dimanche 15 mai 2011

Les start-up américaines traquent les petits génies


Les start-up américaines sortent l'artillerie lourde pour embaucher les « cool kids » : s'ils viennent, elles les aideront... à créer leur propre entreprise. Il faut dire que, en face, les Google, Facebook, Apple et autres Amazon ont des salaires d'entrée imbattables. La direction de Google, qui a revu récemment à la hausse ses offres d'embauche, aligne facilement 100.000 dollars par an, 20.000 de plus que ce que les start-up peuvent débourser.
Mais les patrons des jeunes compagnies high-tech de San Francisco, New York, Seattle ou Austin savent bien que l'argent ne fait pas tout. Ce que désirent vraiment les jeunes designers, ingénieurs ou programmeurs familiers des langages PHP, Ruby ou Python, c'est être calife à la place du calife. Les start-up les aideront donc à atteindre leur but. Quitte à les perdre.
« Les mômes les plus intelligents sortent des écoles d'ingénierie de Berkeley et Stanford », assure Matt Goyer, directeur du marketing de Redfin, une agence immobilière en ligne de 200 personnes très intéressée par ces prestigieuses universités où tous les grands noms piochent leurs nouvelles recrues.

Former aux levées de fonds

Incapable d'offrir les fiches de paie de Google, Redfin propose à ses prospects de les former pour devenir entrepreneurs eux-mêmes. « Tous s'imaginent être les prochains Mark Zuckerberg, explique Matt Goyer.Mais ils sont timides, ils n'osent pas monter leur propre entreprise tout de suite. » La direction de Redfin se propose donc de les initier. « Une fois par mois, nous faisons venir un intervenant extérieur pour parler création d'entreprise ou levée de capitaux. »
Même promesse chez Path, une start-up qui développe des applications pour iPhone. « Si vous restez un certain temps ici, trois à quatre ans au moins, nous vous aiderons à démarrer votre première entreprise », promet Matt Van Horn, responsable du développement. En prime, une vue imprenable sur l'océan Pacifique, au 22 e étage d'un immeuble de San Francisco, et un jour de « hack » tous les mois pour que les ingénieurs puissent s'amuser sur d'autres projets.
Square, une société qui transforme les téléphones portables en lecteurs de cartes de crédit, exploite le même filon. Le PDG, Jack Dorsey, un ancien de Twitter, donne des leçons de vingt minutes à ses employés sur la meilleure façon de lever des fonds ou de développer son entreprise. Il se dit prêt à ouvrir ses livres de comptes et à montrer ses développements de produits pour donner un contenu concret à la formation.
Michael Wildes, avocat spécialiste de l'immigration, suggère une autre piste : étendre l'horizon de l'entreprise aux étudiants étrangers. Ses clients (ADP, Broadridge, OPI...) lui demandent d'obtenir des visas de travail réservés aux professionnels qualifiés (H1B) « pour les élèves des 50 meilleures universités du monde ». Le ministère du Travail américain vient justement d'ouvrir ses portes pour les 65.000 visas de l'année.
À NEW YORK
caroline talbot , Les Echos